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Calendrier Maya et 21 décembre 2012 : la fin d'un monde ? | Elise FERRAN | 17 Novembre 2012 |
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Elle a expliqué, à un public nombreux et attentif, ce qu'il en est de ce gros battage médiatique
autour du 21 décembre 2012.
Elle qui vécut longtemps dans ces régions d'Amérique centrale, et qui
possède le titre de Docteur en Anthropologie Sociale (de l’Ecole des Hautes
Etudes en Sciences Sociales de Paris) connaît donc parfaitement le
sujet, et, en conférencière hors-pair, a su insuffler dans notre
médiathèque accueillante et douillette (merci madame SEUTIN) un petit air
d'archéologie, d'histoire et de culture lointaine.
Elle a tout d'abord évoqué le mythe de la création dans la civilisation
maya.
A l'origine, les dieux avaient façonné un monde immobile, constitué
uniquement d'océan, de ciel et d'obscurité. Afin de le rendre un peu
plus...vivant, ces mêmes Divinités originelles ont dit "Terre" et ont
fait jaillir les fleuves, les montagnes, la végétation et les forêts.. Eléments
dont ils se rendirent compte qu'il fallait les peupler !
Apparurent alors les "premiers êtres" : les animaux, dont le
jaguar (pas question de puma ni de lynx dans ces contrées) les cerfs, les daims,
les oiseaux, (dont le magnifique quetzal aux plumes prisées par les grands rois mayas). Naquit également le
dindon sauvage (Elise nous dit avoir souvent vu ces volatiles dans les
forêts qu'elle a eu la chance de traverser durant ses séjours. Elle nous
rappelle en outre que le mot "dindon" est intiment lié,
étymologiquement à l'Inde que croyait découvrir Christophe Colomb en accostant
en... Amérique. C'était en 1492).
Chaque animal trouva dès lors sa place dans cet univers végétal ; les uns
sortant la nuit, d'autres le jour, si bien qu'aucun ne communiquait !
Les Dieux décidèrent donc de créer la première humanité : des hommes faits
de terre (des poteries) ; lesquels, aveugles et immobiles - on le comprend- ne
bavardaient pas davantage !
Comment dès lors peupler la terre ?
Furent donc conçus les "hommes faits de bois". Or ceux-ci, pas
reconnaissants du tout, oublièrent leur créateur. S'abattit alors sur eux un
déluge d'eau et de résine.
Un grand nombre de ces mécréants périrent. Seuls quelques-uns plus agiles
sans doute survécurent en grimpant dans les arbres, où on les retrouve
aujourd'hui : ce sont les singes (notamment les singes hurleurs : Elise nous
dit que ce surnom n'est pas galvaudé car lorsqu'ils crient, cela s'entend !!).
Les Divinités imaginèrent alors les hommes faits de maïs : les humains
actuels.
Ceux-ci, parfaits, pouvaient conquérir l'Univers ; ils vénéraient
leurs créateurs et devinrent puissants... A tel point que cela rendit jaloux
les Dieux qui se résolurent à "voiler les yeux" de ces humains. Voilà
pourquoi l'homme ne voit pas loin.
Les mayas sont très pieux et s'adressent aux Dieux de façon
familière, comme s'ils étaient de leur famille ; des proches.
Elise nous montra ensuite la photographie d'un crâne maya, de l'époque
précolombienne, semblable à un épi de maïs. En fait, pour vénérer leurs
divinités créatrices, les mayas positionnaient sur le devant, mais aussi le
derrière du crâne malléable des enfants, deux plaquettes de bois, métamorphosant ainsi ces
petits en ...hommes "faits de maïs". Une sorte d'anthropomorphisme.
La croyance de ces anciens allait jusqu'à imaginer leur continent comme la
carapace d'une tortue flottant sur l'eau, voire celle d'un crocodile.
Il faut bien se rendre compte que, partout sur la terre, les humains ont
cherché à définir l'origine de leur création, mais aussi expliquer le
monde qui les entoure.
C'est cette même démarche que nous retrouvons chez le peuple maya.
Dans cette région d'Amérique centrale qu'Elise nomme
"Mésoamérique" (en gros l'Amérique centrale avant
l'invasion et la colonisation espagnole) vivaient de nombreux autres peuples que
celui qui nous concerne ici. Notamment les Aztèques et les Incas, avec lesquels
il ne faut pas confondre :
- La civilisation des Incas (au Pérou et dans les Andes) et celle des
Aztèques (plutôt le Mexique) se sont constituées au 13ème siècle de notre
ère, et disparurent en tant que civilisation lors du débarquement de
Cortez dans la presqu'île du Yucatan (1516 à 1519).
- La civilisation maya elle (implantée au Guatemala, Mexique, Honduras et
justement, presqu'île du Yucatan), est bien antérieure (1000 ans avant Jésus
Christ). Elle connut son apogée durant les années 300 à 900 après Jésus Christ.
Les espagnols, en peu de mois, sous l'impulsion de Cortez, un chef
intelligent et rusé, parvinrent à créer des alliances entre les tribus ;
bouleversant les rapports de force, provoquant la fin de ces civilisations
nommées précolombiennes (= avant leur découverte par Christophe
Colomb).
Du coup, tous les lieux de cultes, les stèles et autres temples
gigantesques, symboles de la culture maya devinrent ruines, dévorés par les
ronces et la végétation luxuriante. Surtout que pour des raisons encore peu
comprises encore, les mayas avaient bien avant cette invasion espagnole,
abandonné eux-mêmes ces lieux de culte :
- en raison de sécheresses à répétition ?
- la fin d'un temps, d'un cycle ?
- la nécessité de brûler des espaces pour privilégier les cultures ?
...
Il faut dire que la ferveur maya avait réparti sur leur territoire de
très nombreux et gigantesques lieux de cultes(pour exemple : Tikal est un
site archéologique de 10 Km² !)
Elise nous fit bien comprendre que ce peuple maya est véritablement secret
et méconnu, lui que l'on prenait pour un peuple pacifiste, alors que, fresque à
l'appui, elle nous montra un chef militaire pratiquant torture, esclavage et
sacrifices humains, tout comme le faisaient les aztèques, peuple réputé bien
plus guerrier.
LE CALENDRIER MAYA
Pour tenter de lire la représentation du temps par les mayas, il
faut bien retenir quelques évidences :
- Sur les fresques, stèles, parchemins et autres manuscrits,
a- un point est égal à 1
= 1
b- un trait est égal à 5
= 5
- La vie des Mayas est structurée par le TZOLKIN, un calendrier d'une durée de
260 jours composé de vingt mois de treize jours chacun.(Elise nous dit qu'a
priori ce nombre de 260 aurait un lien, non pas avec les cycles de la Lune ou
du Soleil, mais bien avec celui de la gestation humaine). Les 5 autres
jours (pour faire 365) étant considérés comme n'appartenant pas à l'année. 5 jours isolés en
quelque sorte, et durant lesquels, selon son rang social, il ne faisait pas
bon naître !
QU'EST-CE QUE LE TZOLKIN ?
Imaginez deux roues - comme celles à la
fête foraine- crantées comme deux engrenages et qui, en tournant, reliées une à
l'autre par ces crans, donnent le cycle du temps : d'un côté les 20 noms
des jours - ce sont les noms de divinités mayas- et de l'autre 13 chiffres :
les jours.
Ce système complexe ayant un début et une
fin ; à savoir 52 années solaires (18 980 jours).
Et puis après avoir introduit le Tzolkin,
cycle rituel de 260 jours, il ne faut pas oublier de mentionner qu'ils
comptaient aussi une année solaire de 360 jours, séparée de la suivante par 5
jours.