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Origine et particularité de la langue bretonne. | Franck DUMONT | 13 Février 2010 |
Franck DUMONT est le président du Cercle Celtique Livryen (dans le
93) et pour lui, donc, le breton, c'est pas du chinois ! En quelques mots
écrits au tableau, et quelques explications bien choisies, il a réussi à
communiquer sa passion à la vingtaine de présents attentifs. Soirée hyper
sympathique !
Il nous a d'abord expliqué que la langue bretonne fait
partie d'un "sous-groupe" de langues indo-européennes, même si peu de
mots se ressemblent entre le breton et toutes les autres langues parlées en
Europe. Par contre, le breton, parlé en France uniquement à l'ouest (suivre Astérix et
Obélix sur la carte...) est bien une langue à part entière. La preuve :
l’Irlande, l'Ecosse, le Pays de Galles (surtout lui) l'emploient, ou du moins
emploient une langue celtique proche du breton.
Le Celte, est donc une base solide pour des millions d'habitants, dont quelques
milliers chez nous dans les départements du Finistère (textuellement = la fin de la Terre), des Côtes d'armor (= la mer) ou du Morbihan(= la petite mer) (Remarque
de Franck : pas en Ille et Vilaine)... Bref dans ce beau coin occidental nommé autrefois la
"Petite Bretagne" par opposition à la "Grande
Bretagne" (suivre ici la route
tracée par Merlin l'Enchanteur, copain du Roi Arthur !).
Franck nous apprend qu'en Espagne même, dans le Nord, en Galice, se parle une
langue nommée "gallego", issue de la même racine linguistique.
Une autre preuve : la grammaire qui visiblement arrête (et c'est bien
dommage) bon nombre de personnes désirant parler breton.
En voici quelques
particularités :
D'abord les lettres Q et X qui n'existent pas dans un aplhabet pourtant par
ailleurs parfaitement identique au français.
Remarque de Franck "c'est parce que les bretons sont pudiques" (En
plus d'être breton, il a de l'humour !!)
Non en fait, c'est sûrement une question de prononciation
car, là-aussi, la langue chante : Le Q est remplacé par un C'H, identique à la "jota" espagnole.
Exemple : le nom très répandu de Le Floc'h (= écuyer) se prononce de façon guttural (comme le
j espagnol) (En passant, précison que Le goff, autre nom répandu signifie forgeron)
Autres exemples : le fameux Kouing Amann ( = fabuleux gâteau au beurre) (les gourmands me comprendront) se prononce an (comme dans
"amande", mais sans prononce le "de" final) : un "son
nasalisé".
Ici Franck nous explique qu'en fait, si la prononciation
est bien différente d'une région à l'autre, voire d'un village à l'autre, c'est
uniquement dû au fait qu'après la Révolution Française, il était interdit aux
autochtones de parler une autre langue que le français (ceci dans un but (j'ajouterai imbécile) d'unifier la
langue, en détruisant les cultures locales, et pas essentiellement la bretonne
; fin de message).
Le breton est donc devenu malgré lui une langue parlée,
orale, sauvée on ne sait pas trop comment au cours des âges, puisque des
générations entières ont été contraintes de l'oublier.
Au passage, merci à toi Franck de glisser par ci par là des
petits bouts d'espoir pour que notre identité nationale (tiens, cela me dit
quelque chose), s'appuie également sur la joie, la diversité et le melting-pot
linguistique (en plus du kouing amann) !
Heureusement, les années 1970 et 1980 ont vu une prise de
conscience locale, voire nationale salutaire. Ainsi tout le monde connaît Alan
Stivell, de son vrai nom Alan Cochelou. Bon c'est vrai que Stivell, textuellement = la source jaillissante parle davantage à nos oreilles. Un petit coucou à lui
s'il lit ces mots. Il a été avec ses fameuses chansons, l'un des sauveurs de la
langue bretonne ! Saluons également Francis FAVEREAU qui a dans un ouvrage
exceptionnel reconstitué par écrit celle langue orale. Il s'est attelé, pour
chaque mot, à lister les différentes prononciations. Pas simple
visiblement !
Exemple des particularités phoniques: azen Gornek (= âne
bâté) se
prononcera Gornek dans cette expression, mais avec un
K si employé seul ...Kornek
Ki mot original = chien se prononcera Ar C'hi mot muté = le chien
Là, un échange très drôle et intéressant est survenu entre
Franck et une personne bretonne de l'assistance. Tous deux expliquaient que le
même mot n'avait pas la même graphie : Ainsi le mot Breizh Atao dont les anciens se souviennent
(= Bretagne éternelle)s'écrit par ici ATAO et par là-bas ATAV mais se prononce de la même manière
ATAO
Franck nous
explique alors que le breton le plus "pur" au niveau de la
prononciation se nomme le Léonard, le Vannetais étant pour lui bien plus
difficile à comprendre (un peu la différence sûrement entre l'anglais et
l'américain ?).
Franck évoque ensuite le
pluriel des noms communs, dont il existe 3 formes :
- pour les choses tra+où =
traoù = les choses
- pour les êtres vivants pesk+ed = pesked = les pêcheurs
- pour les métiers kiger+ez = kigerez = les bouchers
Ceci bien sûr, sans compter
les exceptions.
Si la conjugaison bretonne
est facile, compter est un peu particulier ; on dira : Unan = 1
Ugent = 20
Unan warm-ugent = 21
Tregont = 30
Daou Ugent = 40
Hanter kant = 50 (textuellement la moitié de 100)
Unan hag hanter
kant = 51 (les unités devant)
Tri ugent = 60 (Ou
"Trois vingts")
Pevar ugent = 80
Kant = 100
Ils sont fous ces
bretons !
Quelques apports
bretons (à ne pas confondre avec les
ports bretons !):
Tout le monde connaît le
mot baragouiner, qui proviendrait étymologiquement des
bretons expatriés autrefois à Paris, qui, ne parlant que leur langue
cherchaient, à leur arrivée à la gare Montparnasse : du pain (bara) et du vin (Gwinn)... Sans préciser si c'était :
- du blanc ( = gwenn...
qui a donné Gwendolinn ou même Nolwenn = neige blanche)
- ou du rouge (= gwinn)
Menhir = Pierre longue
Dolmen = table de pierre
Bilig = crêpière bretonne (mot qui,
d'après Franck, est devenu célèbre grâce à Mickaël Jackson... Quand je vous
disais qu'il avait de l'humour !)
Kig a farz = viande et légumes préparés dans un
filet, et cuits dans du bouillon.
le far = gâteau bien connu
La fest noz = fête de la nuit, par opposition à
la fest deiz
le chouchenn = boisson à base d'hydromel (slurp !)
Les bigoudens également, coiffes que portent les
bretonnes dont Franck explique que la hauteur parfois incroyable correspond à
un pied de nez à la révolution française ; ces structures dentelées figurant le
clocher des églises catholiques, religion alors interdite elle-aussi.
Remarque : ces coiffes bretonnes bien différentes selon les régions n'ont pas
uniquement cette forme allongée, mais gardent malgré tout une beauté et une
complexité de fabrication recherchées.
Yann = Jean (prénom
interdit dans les années 1950).
Qui ne connaît pas également le drapeau breton, composé de bandes blanches (représentant les évêchés) et de 11 hermines (l'animal) figurant des saints bretons.
Un des rares drapeaux (avec celui de Corse, à être noir et blanc)
La langue bretonne a su malgré tout traverser les siècles
et il y a fort à parier que peu à peu elle va devenir un centre d'intérêt
certain, d'autant que la région de Bretagne (fief autrefois de la très célèbre
Anne de Bretagne, épouse du Roi Charles VIII) attire de plus en plus de
touristes (C'est ce que regrette d'ailleurs un peu Franck qui y voit
plutôt un engouement commercial et financier, lesquels pourraient bien à la
longue, dénaturer- c'est le mot- cette belle région fraîche, pure et simple...
Il nomme cela la "saintropézisation"). Mais bon, ne gâchons pas notre plaisir,
d'avoir sur notre territoire un petit coin si particulier.
Merci à toi Franck et Kenavo (mot qui signifie "au revoir" et non bonjour comme le croient les gens ; bonjour se dit Demat)
Setu e echu ( = c'est tout et c'est fini !)