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Signification de l'image, de la préhistoire à nos jours | Denis GINGRAS | 12 Septmbre 2009 |
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Denis GINGRAS nous explique tout d'abord, photos sur vidéoprojecteur à
l'appui, que le sens de la vision existe certainement chez les animaux, mais
que seul, l'homme est capable de représenter, de recréer ce qu'il voit et même
(et dirons-nous surtout), d'inventer ce qui n'existe pas.
Ainsi, les peintures rupestres, dont les plus connues en France sont celles
tapissant la grotte de LASCAUX, sont dues à l'activité cérébrale de nos
ancêtres. Ceux-ci ont témoigné à leur manière de ce qu'était leur
quotidien :
- la chasse des animaux
féroces
- leurs croyances et leur représentation du sacré
- leurs reliques.
Toutes ces images qui nous restent, furent réalisées avec leur mains, armées
souvent de quelques instruments rudimentaires (terres ocres, bouts de charbon,
plantes écrasées, sang animal ; le tout lié avec de la salive de la
graisse animale, de l'urine, bref, rien que du naturel... !)
Ces dessins, ces lignes, ces animaux dont ils dessinaient les contours sur
des murs sombres, n'avaient aucune perspective, aucun code réglementé ; cet art
ne servait qu'à exprimer, comme ça, dans l'instant, le mode de vie (et quelle
vie !) des humains de l'époque. Ces hommes préhistoriques comme on les nomme,
plus intuitifs qu'artistes n'avaient que leurs yeux pour voir et leurs mains
(souvent mises en pochoirs sur les murs) pour s'exprimer.
Rappelons que les premiers dessins rupestres
(rupestre vient du latin rupes qui signifie roche) datent de 40 000
ans en Australie et de 20 000 ans en France.
Vint ensuite L'Egypte, avec son cortège de dessins dans les pyramides, déjà
beaucoup plus élaborés, puisque les portraits des pharaons et autres
représentations antiques respectaient à la lettre des consignes : notamment le
respect des proportions et le mélange des points de vue. Ainsi les têtes
étaient-elles dessinées de profil , les yeux de côté et les torses de face.
Plus le personnage était dessiné grand, plus cela signifiait son importance
dans la hiérarchie sociale.
Les couleurs également, vives et variées, provenant de divers matériaux
(pensons au "bleu égyptien", joli mélange artificiel de silicate de
cuivre). Ces innovations permirent aux égyptiens de développer avec art, tout
leur univers religieux, sociétal et quotidien.
Denis ose même faire le parallèle entre l'art égyptien et le CUBISME du 20ème
siècle, en raison, non seulement de la grande conscience qu'avaient ces hommes
antiques de la couleur, mais aussi des formes bien définies qu'ils exposaient
sur de simples carrelages.
Denis évoque ensuite le sténopé, instrument de vision simplissime qui
permet, grâce à la lumière s'introduisant dans un petit trou situé sur la
paroi d'une boîte, de voir apparaître une image inversée dans cette même boîte.
Cette projection tridimensionnelle et que visiblement les chinois
connaissaient 5 siècles avant Jésus Christ, nous rappelle que pendant
longtemps, les hommes n'ont pas été capables de représenter les objets
autrement qu'à plat sur un dessin.
Aristote lui-même décrivit IV siècle avant Jésus Christ, une
expérimentation concernant ce fameux sténopé, instrument que visiblement,
chacun d'entre nous peut facilement réaliser !
A l'époque de l'antiquité classique, apparaissent la Perspective, avec le point
de fuite, mais aussi l'iconographie. Les poteries se développent, sur
lesquelles les contours des objets dessinés permettaient une certaine
délimitation esthétique de ces objets (souvent en rapport avec la mythologie,
la guerre et les dieux).
Ptolémée à son tour écrivit un ouvrage sur l'optique, la réflexion de la
lumière (sur des morceaux de verre ; pas encore sur des lentilles...). Denis,
en bon camarade qu'il est, nous explique d'ailleurs que Ptolémée qui s'était
lourdement trompé sur la disposition des planètes dans l'Univers, a, sur le
thème de la réfraction était beaucoup plus sensé (rappelons que Ptolémée
pensait que le système solaire tournait autour de la Terre, laquelle était donc
le centre du monde...)
Le 24 Août 79 après Jésus Christ (les plus anciens s'en souviennent encore,
moi j'étais trop jeune...), le Vésuve, près de Naples, ensevelit les
villes de Pompéi et Herculanum. Au XVIIIème siècle, les fouilles effectuées
montrèrent que les murs de la ville étaient recouverts de fresques imposantes,
dont la plupart effectuées en un matériau extrêmement cher à l'époque : le
cinabre rouge (Denis nous annonce qu'il devait être aussi cher que l'or). Cette
profusion de dessins, ces innombrables scènes de vie, commandés sans doute par
de riches hommes puissants prouvaient à quel point, à l'époque, l'image était
importante. Sur les murs, les points de fuite étaient multiples (rappelons que le point
de fuite est un point imaginaire destiné à aider le dessinateur à construire
son œuvre en perspective).
Denis nous parle ensuite des mosaïques, romaines certes, mais aussi
méditerranéennes puisqu'au musée de Tunis, (où il s'est rendu lors d'un de ses
nombreux voyages), il a pu voir des petits rectangles de verre de toute beauté,
lesquels, associés ensemble, forment de véritables chefs d'œuvre : portraits,
fleurs, scènes animales etc.
Denis ne peut s'empêcher de comparer cette fois aux PIXELS de nos ordinateurs,
les morceaux de terre cuite (voire de pierres naturelles colorées) tels des
puzzles artistiques.
Denis tient également absolument à parler de la destruction, au cours des
siècles (pour des raisons religieuses ou profanes) d'images ou d'œuvres. Ce que
l'on nomme "l'iconoclasme" Quels meilleurs exemples que la réforme
luthérienne (guerre entre catholiques et protestants), la révolution française
(au cours de laquelle, sur de nombreux édifices religieux les statues des
saints ornant les murs furent souvent décapitées). La révolution bolchévique.
Les hommes sont ainsi qui créent ou
détruisent à loisir.
Au Moyen-âge, comme en Egypte, la taille, l'importance des notables se
reconnaît à l'œil nu ! Alors que les gueux, les paysans apparaissent tout
petits, eux, ils dominent les tableaux ou les tapisseries (Pensons aux
tapisseries de Bayeux). Apparaissent également à cette époque ce que l'on nomme
les Miniatures : des textes écrits (manuscrits), souvent ornés de jolis dessins
(les enluminures). Ces œuvres sont nommées "miniatures", non pas
parce qu'elles sont petites, mais bien parce qu'elles sont effectuées avec du
MINIUM, rouge calligraphique de l'époque.
Au XVème siècle, l'invention de l'imprimerie par Gutenberg bouleverse les
techniques de l'image. D'abord parce que l'impression de toute représentation
artistique ou écrite devient plus aisée, mais aussi parce que s'ouvre une ère
scientifique nouvelle. Ainsi le peintre hollandais Van EYCK, dès 1434
transforme l'utilisation de la peinture à l'huile en rajoutant dans ses
couleurs... de l'essence (à la place de l'œuf), donnant ainsi à sa palette, une
fluidité bien supérieure. Ensuite, la Perspective devient
linéaire (pensons à Léonard de Vinci, mais aussi à Léon Battista Alberti
1404 / 1472) ; l'ingénierie, l'architecture, les techniques de dessins
évoluent. C'est l'époque de l'apparition de la lunette, des loupes, des
lentilles (Coucou à Galilée, dont je vous rappelle que 2009 fête les 400 ans de
sa première observation du ciel).
Apparaît la camera obscura (présentée dans l'encyclopédie de Diderot) qui laissera bientôt place à la "lanterne magique".
Newton, Young démontrent que la lumière est une onde et Nicéphore
Niepce en 1822, invente la photographie ("la table servie" est sa
première photo, hélas aujourd'hui disparue).
Arrive ensuite Daguerre qui, avec des sels d'argent répartis sur plaque de
cuivre parvient à produire des images. Cette machine sera nommée bien
évidemment le "Daguerréotype".
C'est dans les années 1890 que la photo rejoindra la peinture, sous
l'influence des Impressionnistes. On se rend compte, à cette époque, que la
photographie peut en effet, devenir artistique.
Le 17 décembre 1903, les frères Lumière (Louis et Auguste) déposent un
brevet photographique. Leur méthode (assemblage successif de sels d'argent, de
laque, de grains de fécules colorés (d'où la lentille...) de résine et de
plaque de verre, entre autres) sera utilisée de 1907 à 1932. Bien trop chère et
peu pratique, elle fut vite remplacée par celle, allemande, nommée ...
Alfachrome.
Denis nous rappelle d'ailleurs, concernant la photographie que le numérique
a définitivement mis à mal la pellicule argentique, puisque KODAK dont les
clics clacs ont accompagné toute notre enfance va définitivement arrêter
l'emploi de la pellicule "à faire développer". Gageons que cette
nouvelle procurera à certains autant de nostalgie que la disparition de la
bougie, de la plume sergent major ou simplement de l'arrêt de la diffusion de
la série Dallas à la télé ! Bref, les temps changent, il faut
s'adapter...
Pour en revenir à la conférence, Denis nous présente quelques images
d'Epinal, lesquelles, au 19ème siècle, ont marqué les esprits, notamment dans
les campagnes où la population à prédominance paysanne ne savait lire. Ces
Images, d'où leur succès sans doute, véhiculaient de façon visuelle la pensée
de leurs auteurs.
Arrive enfin l'époque moderne, avec l'invention, dans les années 1847 d'un "ordinateur mécanique" par Charles BABBAGE, puis la découverte par l'allemand Wilhelm ROENTGEN des rayons X, nommés ainsi car son découvreur ne connaissait pas l'origine de ces nouveaux rayons. Cette découverte lui valut le prix Nobel de physique en 1901.
Dans les années 1920, arrivent la communication à grande échelle, avec la
photographie dans les journaux, la reproduction rapide et bien sûr : le
"cinéma" (mot d'origine grecque signifiant mouvement). Edison en
1893 et, une fois encore les frères Lumière ont lié leur nom dans l'histoire à
ce procédé révolutionnaire.
Durant les Jeux de Berlin en 1936, 150 000 téléspectateurs eurent la chance
d'applaudir devant leur écran le coureur noir américain Jesse OWENS..., lequel
ridiculisa Hitler. Non pas parce qu'Hitler courait moins vite, mais parce qu'il
préconisait la supériorité de la race aryenne. Tout faux Adolphe !
Arrivent ensuite en 1944 les transistors, puis les ordinateurs qui
occupaient des salles entières pour des opérations minimes. Turing et Von Neumann en sont
considérés les inventeurs.
De nos jours, Apple, puis Microsoft (Qui ne connaît Bill Gates !) avec l'apparition
du PC en 1980 se font une guerre commerciale sans merci. Ceci a pour
effet de voir régulièrement de nouvelles fonctions apparaître. Dernièrement
les images en 3 D (= 3 dimensions), les progrès en infographie, qui rendent
saisissant de vérité, les jeux vidéo, ou bien des phénomènes divers
(reconstitution des dinosaures, d'un tsunami etc.)
Il faut d'ailleurs à ce sujet évoquer Fourier" (1768 / 1830),
mathématicien français qui inventa un calcul mathématique connu sous le nom de
"la transformée de Fourier", outil servant à de nombreuses
analyses, et que l'informatique utilise encore de nos jours, pour élaborer ses
programmes.
Car il faut bien le reconnaître : en 100 ans à peine, l'homme a bouleversé
l'idée que les siècles passés se faisaient de l'Image. On ne parle plus que de
"virtuel "et notre amie, madame DERMY, (que je salue ici) a posé une
excellente question dans la salle : que restera-t-il à nos générations futures comme
informations, si le papier n'est plus utilisé ? Comment stocker sur des
machines fiables, tout le quotidien du 20ème et 21ème siècles (notons déjà que
la "disquette "n'existe plus et qu'il est impossible de lire celles
que nous possédons dans nos tiroirs car les machines actuelles "ne sont
pas équipées" pour la lecture). Il y a en effet un gros risque de voir
disparaître des tonnes d'informations. Un comble à l'époque du "tout
communication" !
Internet bien sûr est certainement un "sauveur" pour tenter de
résoudre ce problème. Internet outil merveilleux (si on l'utilise à bon
escient... La preuve, si vous lisez ces mots, c'est bien par son
intermédiaire... Merci de votre fidélité !)
Nous attend, dans les années à venir, u6n gros mélange à tous les niveaux de
l'information : la "fusion des images".
Télédétection, IRM, messageries rapides,
images données en 3 dimensions
Prédominance de la téléphonie mobile, associée à Internet
Progrès dans la médecine (notamment pour équiper les aveugles de
machines numériques : "des yeux artificiels")
L'Imagerie en 3D beaucoup plus performante et le traitement des images optiques
encore plus précis (mémorisation dans des listes infinies d'objets courants)
Ecrans plats (bientôt les télévisions analogiques seront dépassées)
Bref, l'Image de demain n'aura sans doute
rien à voir avec celle d'aujourd'hui, et encore moins avec celle d'hier.
Voilà pourquoi, il faut rester vigilant
pour ne pas détruire accidentellement les connaissances que nos ancêtres ont
mis tant de temps à accumuler.
Voilà pourquoi il faut se tenir informé des nouvelles découvertes et
inventions, pour éviter de perdre le fil de la société.
Notre jeunesse ne peut vivre sans
téléphonie, jeux vidéo et télévision. C'est comme ça ! Espérons qu'ils sauront
trouver le juste milieu entre le virtuel et la dureté de la réalité.