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L'histoire des couleurs de la préhistoire à nos jours. | Denis GINGRAS | 18 Octobre 2008 |
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Denis GINGRAS, professeur d'université au
Québec et artiste peintre, commence en certifiant que LA COULEUR N'EXISTE PAS.
C'est simplement une sensation, un concept créé par notre cerveau …et celui de
plusieurs animaux et insectes.
Pour créer de la couleur, il faut :
Une source de lumière (ici 1- le
soleil )
Un récepteur (l'œil ; ici 3- ) et un
cerveau bien sûr pour la reconstruction de l’image.
En plaçant entre les deux, un objet ayant
une surface réfléchissante (matières colorantes) : ici 2- : une pomme,
nous verrons des couleurs. Tout en sachant que chacun d'entre
nous aura une "perception" toute personnelle de ces dites couleurs.
Le reste n'est ensuite qu'un enchaînement
de paramètres physiques et naturels :
- La longueur d'ondes des particules de
lumière (appelés PHOTONS) qui diffère. Ainsi, le rouge, le bleu,
le vert, le jaune n'auront pas la même.
- Ensuite la source de lumière. Exemple :
des couleurs vues sous une lampe à pétrole, lumière blanche, bougie, lampe au
sodium etc. n'auront jamais le même aspect.
En fait, ces sources de lumière émettent à
des longueurs d'onde différentes, ce qui déforme les couleurs perçues par notre
cerveau.
- La direction de cette lumière (rasante,
directe, oblique, etc.)
Et surtout la physiologie de l'œil humain
: Les bâtonnets (75 à 150 millions) et les cônes (6 à 7 millions) qui composent
notre vision sont sensibles aux couleurs, notamment
au rouge, vert, bleu considérés
comme les 3 couleurs primaires de la synthèse additive !
Souvenons-nous du "La nuit, tous
les chats sont gris" :
Cela vient du fait qu'à faible luminosité,
ce sont les bâtonnets de la rétine de l'œil -insensibles aux couleurs- qui
opèrent et non les cônes de la rétine qui "voient" les 3 couleurs
primaires.
L’œil reconnaît chaque couleur comme une
« combinaison » de ces 3 couleurs primaires.
Le daltonisme par exemple est dû à
l'absence de la perception régulière de ces 3 couleurs.
Denis nous présente alors tout un tas de
graphiques jouant sur les couleurs, l'éclairage, les formes, et force est de
constater que chacun en est convaincu :
Les couleurs ne sont pas ce que l'on croit
qu'elles sont.
Pour le vérifier, observons ces
rectangles, dans lequel, les couleurs centrales sont rigoureusement les
mêmes ...
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Si l'on ajoute à cela la capacité qu'ont les couleurs de refléter,
diffuser, filtrer la lumière, de façon différente, (toujours en rapport avec
les photons) on comprendra que les nuances sont nombreuses, mais toujours
autour de ces trois couleurs essentielles : le rouge, le vert, le bleu.
Gardons en mémoire les couleurs de l'arc
en ciel, le rayon devenant oblique d'une lumière que l'on projette dans un
aquarium etc.
La lumière blanche est composée de ces
trois couleurs primaires : le rouge, le vert, le bleu.
C’est de là que l’on provient l’expression
RGB (initiales en anglais ; en français : RVB) pour les téléviseurs, les
projecteurs et les écrans d’ordinateurs.
La palette des couleurs de notre quotidien
est donc liée à un mélange de ces trois-là.
Les peintres eux-mêmes sont soumis à ces
fabuleux mélanges.
Ainsi, tous les tableaux de nos grands
maîtres, Léonard de VINCI, MICHEL-ANGE, RAPHAEL, PICASSO ne sont autres qu'un
génial assortiment de ces trois couleurs...
Citons à présent le nom de ceux qui ont
réfléchi (C'est le bon mot...) à l'étude des couleurs :
- Aristote : qui pensait (à tort) que l'œil
humain émettait des rayons pour voir.
- Léonard de VINCI qui avait remarqué que
sur les vêtements noirs, la peau paraissait plus blanche.
Isaac NEWTON qui mit en évidence la
relation "couleur-lumière", alors que GOETHE, lui, se trompant
gravement, certifiait que « Le blanc ne peut pas être
la somme de toutes les couleurs »
- Michel Eugène Chevreul (1786 -1889) directeur de la
Manufacture des Gobelins, qui classa les échantillons de fils des Gobelins dans
un catalogue (14420 tonalités chromatiques !), mettant en
évidence que les contrastes obtenus en plaçant les couleurs les
unes à côté des autres, donnaient un bel effet.
On lui prête, avec cette théorie, la
paternité de l'impressionnisme.
Etc.
N'oublions pas non plus les nombreuse
"écoles" : classique, surréaliste, pointilliste, lesquelles ont
offert à l'humanité des chefs d'oeuvre reconnaissables.
Le mariage de ces 3 couleurs : le rouge, le vert, le bleu régit depuis des siècles
le quotidien des hommes.
Seules la science et les découvertes
successives ont influé sur la composition des pigments, et des matières
colorantes :
- La nature qui nous entoure est remplie
de ces matières sous la forme de pigments ou de teintures :
- minerais, bois brûlé, animaux (la
cochenille), le murex (animal marin) , la craie, lesquels ont, et ce, depuis
des milliers d'années, permis aux hommes préhistoriques d'exprimer leur art.
Pensons aux grottes de L ASCAUX, aux
pyramides des pharaons, dans lesquelles ces matières naturelles étaient
associées à des liants tout aussi naturels (salive, urine, graisse d'animal
etc.).
Et les palettes s'avéraient nombreuses,
tant l'imagination des hommes de l'époque était grande.
Ensuite vinrent l'Antiquité et le Moyen
âge, dont des études approfondies ont démontré qu'ils étaient très colorés (les
temples, les églises, les maisons d'habitation bourgeoises)
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Ce furent au cours des siècles, de grandes
découvertes au niveau des matériaux naturels, des pigments, dont nombreux
catalogués de nos jours comme nocifs : oxyde de cuivre, minium (découvert
par hasard suite à un incendie de jarres pleines de blanc de plomb), verre, quartz,
bleu égyptien (Silicate double de calcium et de cuivre), minerai de
plomb, cuivre, trisulfure d'arsenic, jaune de Naples (antimoniate de plomb +
sulfate de chaux), cinabre à base de sulfate de mercure, vert-de-gris,
zinc, lapis lazuli etc.
Un arc en ciel de tons.
Les plantes et les animaux également ont
offert leur lot de couleurs : l'indigo, le vermillon (petit ver), la
cochenille, la garance, la gaude, le safran, les os blanchis etc.
La nature est colorée.
Ajoutez à cela liants et laques, et vous
comprendrez que la palette, les teintes, la clarté, la luminosité de ces
couleurs ... qui n'existent pas, sont en fait un grand mélange digne de
magiciens et de sorciers !
L'ère des pigments minéraux synthétiques
commence au XVIIème siècle avec les allemands Dieppel et Diesbach qui
inventèrent en 1704 le bleu de Prusse. S'ensuivirent des découvertes et des
secrets de fabrications qui ruinèrent les industries françaises spécialisées
dans les couleurs naturelles. (Cela donne à réfléchir)
Au XIXème siècle, l'essor de l'industrie
chimique entraîna la création de nouveaux et nombreux pigments : jaune de
chrome, vert Véronèse, bleu de cobalt, vert émeraude, bleu outremer, jaune et
rouge de cadmium, jaune de barium, vermillon d'antimoine, jaune de zinc,
violet, bleu cæruleum, oxyde de titane, etc.
Les colorants synthétiques étaient nés,
ouvrant la voie à la chimie : les cadmiums, le manganèse synthétique, les
pigments azoïques..., bref, toutes les teintes et couleurs que nous connaissons
aujourd'hui et qui différencient notre culture de celle des siècles précédents.
(Peintures acryliques, vinyliques, glycérophtaliques)
Et demain ?
Nul doute que bientôt verront le jour :
des lumières laser (les fluo existent déjà..), luminophores et pour tout dire éternelles
?