Le Samedi 23 septembre 2017 à 16 heures

François ZORTEA et François QUOINEAUD
ont proposé une animation / conférence sur le thème :
"Cornemuse, cabrette, accordéon : histoire d'une musique populaire"
au Musée LABENCHE
Merci à madame AUGAUDY (et à son personnel) de nous avoir ouvert les portes du Musée !

Photos et compte-rendu
Par DIDIER

François ZORTEA enfant du pays, cabrettaïre et orateur, aussi talentueux que passionnant, a tout au long de cet après-midi musical, conquis un public nombreux et attentif. Avec précisions, beaucoup d'anecdotes et d'humour, François a présenté, expliqué, démontré ce qu'est une cabrette. Lui qui est tombé dedans tout petit, maîtrise parfaitement cet instrument -que soit-dit en passant, il a lui-même fabriqué pièce à pièce-

Sa passion porte un nom : la musique populaire.

François a, après sa prestigieuse conférence sur l'histoire d la cabrette (voir en bas de cette page, sous les photos) joué quelques petits airs fort appréciés.
Accompagné à l'accordéon par son grand ami François QUOINEAUD, lui aussi habité par la musique, ils ont fait vibrer ce merveilleux musée LABENCHE.
Quel talent ! (Ils
appartiennent tous deux à la troupe de "la bourrée limousine")

 Les rejoignit dans ce petit concert improvisé :
- Marcel BELETTE, fantastique joueur de vielle
- Puis Alain (qui a débuté la cabrette voici deux mois et qui voulait, lui-aussi s'essayer à la scène. Belle réussite !)
- Enfin Joëlle à l'harmonica. Une vraie artiste, passionnée elle-aussi.

Un constat cependant fut fait que cet art, ces musiques si chères à nos ancêtres, limousins mais pas seulement, disparaissent peu à peu. Plus personne n'enseigne la cabrette, très peu la vielle et l'accordéon, et ce n'est certes pas dans les bals populaires que l'on entendra des bourrées, polkas ou mazurkas !
La jeunesse perd ainsi, malgré elle de vraies richesses culturelles.
Que dire des nouvelles technologies, des nouveaux modes de consommation, qui laissent en lisière de routes, tout ce qui n'est pas rentable ou globalisé !
Il faudrait un grand élan national pour remettre au goût du jour les savoirs, coutumes et instruments populaires, notamment la cabrette. Il n'y a bien qu'en Bretagne que cette... cornemuse - nommée chez eux bignou - porte encore dans ses vibratos et gémissements, une charge historique, générationnelle et émotionnelle.
A la suite de ces fabuleux instants, une petite équipe s'est retrouvée au restaurant - Bar des  sciences oblige - pour terminer la soirée. A la TERRASSE, établissement situé à LARCHE. Admirez le paysage depuis leur ... terrasse...
(voir les photos)

Un petit coucou à ses charmantes et sympathiques serveuses. N'hésitez pas à passer les voir.
Le dîner est succulent, les produits frais et le cadre fort agréable. 


Merci François de ta prestance et prestation. Nous savons à présent comment fonctionne une cabrette
Merci François pour ta dextérité à l'accordéon.
Merci à Marcel, pour sa dextérité à la vielle (et son joli poème en patois).
Merci Alain, Joëlle.
Merci au public venu nombreux.
N'hésitez pas la prochaine fois à vous joindre à nous. 

Résumé de la conférence faite par François sous les photos.

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LA TERRASSE à LARCHE

05 55 85 40 08
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LA CABRETTE

La cabrette, chabrette, cornemuse(etc.) suivant sa forme ou son mode de fonctionnement (en soufflant 
avec la bouche ou en actionnant un petit soufflet) est un instrument inventé voici fort longtemps. François nous dit même que le poète Virgile (70 - 19 avant J.C.) la mentionne dans son recueil "Les Bucoliques". Elle aurait pour ancêtre "l'utricularium romain" (avec son outre comme réservoir d'air).
Elle fait partie des instruments à air lesquels sont répartis ainsi :
- la flûte (possédant un tuyau sans hanche)
- la trompe (qui n'a pas de hanche mais fait se convertir les lèvres en hanches membraneuses)
- la clarinette et le hautbois, tous deux pourvus d'une hanche (simple chez l'un ; double chez l'autre)

Une HANCHE est une petite lamelle très sophistiquée mêlant acier et bois qui permet de produire le son de la cabrette. Sans hanche : pas de musique. Et bien évidemment, François fabrique les siennes avec du bambou (d'autres sont en roseau). Toute une suite de petits bricolages (ponçage, perçage, grattage, amenuisement, pas faciles et longs à effectuer).


On retrouve cet "instrument à air" partout sur la Terre,  et sous diverses formes : avec réservoir d'air (souvent une vessie ou une peau de bouc). François cite les nagabaddha de l'INDE, la zouqqarah musulmane, le tibia utricularis de l'armée et du théâtre romain, etc.

Comment le hautbois, ancêtre de la cabrette, est-il arrivé en France ?

Au départ, le "chalumeau " (mot dérivé de "Zamr", un instrument arabe) fut rapporté des Croisades. On le connaît dans toute l'Euope et même en France au moyen-âge. On l'appelle alors également "charamelle" ou  "chalamelle".
On adjoignit à ce chalumeau un "réservoir d'air" (instrument nommé "la vèze"), puis une poche, un sac, servant de réserve d'air, ainsi qu'un ou plusieurs bourdons d'harmonie.
Le chalumeau devint cornemuse.
Dernière transformation :
un soufflet remplaça la bouche. 

Un soufflet

La ... "musette" était née.

Autres éléments indispensables à la cabrette (en plus du sac),
le bourdon, dont la longueur agit sur les sonorités (graves ou aiguës)

La chanterelle qui accueille le bourdon (François a également sculpté lui-même la sienne. Feuille de chêne et gland ; croix occitane. Une vraie oeuvre d'art)
Ne l'ayant pas prise en photo (quel ballot !), je place ici une vue prise sur Internet. J'espère que le propriétaire ne m'en tiendra pas rigueur !
le site ici =>



Comment a-t-elle été utilisée en France ?


Dès le 10ème siècle, c'est l'instrument favori du peuple des campagnes. Fabliaux et autres écrits de moyen-âge font allusion à la cornemuse, nommée alors : chèvre, loure, vèze, chalemelle.
Par la suite, trois cornemuses sont décrites : la cornemuse des bergers, la Musette Royale et la cornemuse du Poitou. On comprendra aisément que dans les provinces du centre de la France, ces instruments prirent une importance extrême.
Après la Renaissance, la cour des Valois et celle des Bourbon contribuent à faire évoluer ce que l'on nomme alors les "Musettes Royales". François nous dit même que des grands noms de la musique classique écrivirent des oeuvres pour la cabrette : Lully, Rameau Vivaldi !
Une autre période faste pour cet instrument : la seconde moitié du 19ème siècle. Sous l'impulsion d'auteurs romantiques
comme George SAND et "rousseauistes" (ce terme désigne des personnes aimant la nature, la musique... comme Jean-Jacques ROUSSEAU dont est tiré ce nom) , apparaît une notion forte : le "régionalisme". En Berry, Auvergne, la cornemuse devient le symbole du "Petit Pays", un emblème populaire et porteur de nostalgie.
Cette identité régionale prit également une ampleur inattendue lors de l'immigration vers Paris des auvergnats venant y chercher du travail. François nous dit que ces travailleurs cantalous et aveyronnais, se regroupaient (notamment dans le 11ème arrondissement, près de la Bastille), pour écouter quoi : devinez un peu ! "la musette (d'où le bal musette) et la cabrette. Cet engouement suscita alors à Paris, un artisanat de fabrication assez soutenu (Amadieu, Franc, Alias, Marcelin, etc.).
La grande guerre mit fin à cet élan instrumental, lequel reprit quand même dans les années 1975, sous l'impulsion de jeunes musiciens, souvent citadins, à la recherche, à cette époque, de sons nouveaux.
Longtemps
les cabrettaïres passèrent pour des gens louches. On les traitait de simple, original, ivrogne, estropié, vadrouilleur.
De nos jours, parisianisme oblige, l'image qu'ils projettent ressemble plus à une image d'Epinal, symbole du passé et un tantinet ringard, quoique sympathique. C'est vite oublier le travail acharné qu'il faut accomplir pour extraire un joli son de cette outre recouverte de velours et d'un coût conséquent (600 euros en moyenne).
C'est vite oublier également que ces vrais musiciens sont les derniers remparts de l'oubli. Bientôt, plus personne ne saura jouer de cet instrument mélodieux et si caractéristique.
Une chance que "par chez nous", François, en tête, pas loin derrière lui Alain... mais également un petit nombre de passionnés (que je salue) persistent à jouer, jouer, jouer, dans les bals, les fêtes et autres foires, pour incruster dans la mémoire des gens ce qu'est un instrument populaire, une monument historique... en danger !
Si des jeunes me lisent : hardi les gars, ou les filles, à la cabrette !



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