Le Samedi 1e Avril à 19 heures
au
Restaurant "LE CHENE VERT"'à BRIVEPhilippe MAZAUD (de l'association naissante La Tour de DURANIUS) a présenté une conférence sur le thème :
"Le vin de BORDEAUX au Moyen-âge"
Par DIDIER
Philippe
MAZAUD, briviste de longue date, est passionné de tout ce qui touche de
près au Moyen-âge. C'est à ce titre qu'il a présenté, à un public
certes restreint mais intéressé et sympathique, une conférence sur le
thème du vin en général et de Bordeaux en particulier.
Ah le vin !
Si de nos jours ce breuvage est synonyme, en France et pas seulement, de convivialité, qualité et diversité, (A boire avec modération, bien évidemment), il n'en était pas de même au Moyen-âge.
Tout d'abord, la vigne se trouvait partout, autant dans l'Hexagone qu'en Europe.
Philippe
nous dit qu'en raison d'un réchauffement climatique favorable de l'an
1000 à 1300, le blé et le raisin se trouvaient jusqu'en Ecosse.
C'est
stupéfiant (voire enivrant, si j'ose dire) d'apprendre qu'en fait, les
français de la longue époque médiévale étaient tous ... alcoolisés.
Petits, grands, enfants, jeunes, riches, pauvres. Tous buvaient du vin, allègrement. (Bon, les enfants buvaient un peu de lait à leur naissance, mais souvent maternel, donc...)
Il
faut dire que l'eau, putride et généralement impropre à la
consommation, faute de réseaux sûrs
et de stockage fiable (la bouteille
n'existant pas), tout le monde se contentait du vin de la treille,
lequel,
se buvait jeune et blanc (l'engouement pour le rouge n'apparut
qu'au XIVème siècle).
Ce vin connu sous le nom de "clairet", voyageant et vieillissant assez mal, obligeait les gens à consommer local.
Chaque région possédait donc, non pas son cru, puisque ce type d'appellation n'existait pas, mais son vin de pays :
Rhin, Rhône, Moselle, Auxerrois, Anjou et, bien sûr , Bordeaux, Bergerac, Cahors.
De quoi alimenter
chaque français d'un pique-rate de 10° en moyenne. Le tout bien sûr,
avec la bénédiction des autorités royales ainsi que religieuses.
Philippe
nous apprend que tous les rois, de Louis XI à Richard Coeur de Lion en
passant par Charlemagne étaient tous, ce que... allons... nous
pourrions nommer ... sans manquer de respect : de vrais poivrots !
Comment
pouvait-il en être autrement puisque l'Eglise elle-même, de l'archevêque
au curé de campagne, bénissait à grand coup de vin de messe, les
innombrables fêtes populaires, foires, et autres événements familiaux : mariages, naissances, baptêmes et bien sûr funérailles.
Le vin, le vin, le vin !
Philippe
nous raconte que Charlemagne, autour de l'an 800, punissait ses soldats
mous et couards... en les mettant à l'eau. Quelle déchéance.
Le vin, sang du Christ.
Les vendanges, partout en France, donnaient prétexte à grandes festivités et consommations de taille.
Dans
tous les villages et villes de France, les tavernes accueillaient, jour
et nuit, les pochetrons souvent bagarreurs et excités.
On comptait pas moins de 200 estaminets à Paris, 60 à Rouen, et jusque dans les villages les plus reculés.
En 1415, la célèbre bataille d'Azincourt, fut perdue car les généraux et soldats, sûrs de la victoire à venir, l'avaient lourdement fêtée... la veille.
Souvent la petite histoire est moins belle que celle racontée dans les livres...
Il
fallut attendre les XIII et XIVè siècles pour voir apparaître les outils
de vendangeurs : serpettes, mais aussi couteaux pour égorger le porc.
Avant, le travail de la vigne se faisait à la main et
essentiellement par des hommes. Bon, nous dirons que le fer étant un
métal rare et cher, les canons, au début n'étaient pas ceux réservés au
vin, mais à l'artillerie. Car, vapeurs alcooliques aidant, les
contemporains s'avéraient belliqueux, irascibles, souvent hors d'esprit
et ronds comme les barriques qu'ils remplissaient et vidaient
systématiquement...
Drôle d'époque !
Bordeaux, pays de la vigne s'il en est, commerçait régulièrement avec l'Angleterre, lesquels anglais appréciaient fortement eux-aussi ce
petit vin clair, bon, pur, nouveau et marchand.
Philippe raconte
que Jean Sans Terre (frère de Richard ...courage de Lion) et Philippe
Auguste, son ennemi préféré, guerroyaient allègrement, hormis quelques
trêves, dues... je vous le donne en mille à leur casquette en plomb d'après cuite (cuite non due à du cru, puisque - comme je vous l'ai déjà dit -ce terme n'existait pas encore !)
Ah
la guerre ! Si l'on prend en compte cet état d'enivrement permanent et
généralisé, on comprend mieux les désirs de conquête, de fureur et de
bassesses des grands de l'époque.
Tout se monnayait en vin :
Pas de sauvetage en mer sans pots de vin.
L'enterrement du seigneur ? : j'y vais si on offre du vin !
Les moines eux-mêmes, surtout ceux qui ne parlaient pas latin et à ce titre n'avaient pas voix au chapitre,
priaient parfois longuement ... et fortement, la tête recouverte de leur capuche...
L'Eglise, pape en tête, tentait bien, de temps en temps de limiter la consommation (eux aussi
avec modération) car comment pouvait-on interdire de boire à un peuple,
respectant la parole de Dieu, lequel buvait le sang du Christ à travers
ce breuvage sacré, remerciait Noé d'avoir, pour son premier geste,
planté un cep de vigne (une fois sorti de l'arche), et admirait Jésus pour son acte salutaire et extraordinaire des Noces de Cana (Jésus, - dit-on - y transforma l'eau en vin)
La médecine de l'époque également, reconnaissait de grandes valeurs curatives au vin, et le préconisait contre de nombreuses maladies, surtout les angines, ... mélangé à des excréments de chien ; en application externe, bien sûr (Perso, j'essaie demain, si je trouve un chien ! )
Cette
conférence, bien plus documentée et argumentée que le résumé que j'en
ai fait ici, était une pure merveille de savoir, de maîtrise, mais
aussi d'humour, car Philippe MAZAUD, outre sa passion pour le monde
médiéval, sait aisément captiver le public, autant jeunes (moi) que moins jeunes (je ne citerai pas de noms !).
Merci
à toi Philippe, pour cette plongée, - si j'ose dire- dans les us et
coutumes de nos ancêtres. Merci pour ta bonne humeur et ta
disponibilité.
Question vin, une autre personne s'y connaît bien
également, c'est notre hôte de la soirée, Monsieur Beaudufe, au
restaurant le Chêne vert, lequel, avec ses sympathiques employées, nous
a proposé d'excellents vins pour accompagner un succulent repas.
Je ne saurais trop vous conseiller d'y aller déjeuner ou dîner.
Mieux,
y venir avec nous, lors d'un prochain b'art des sciences, que nous ne
manquerons pas de proposer dans son établissement la saison prochaine.
Notre objectif, à Arts et liens, est double (et pas à cause du pinard !)
: - apprendre sans se prendre la tête.
- passer un excellent moment chaleureux au cours d'un repas convivial (Chacune paie sa part).
Mission accomplie hier soir !
Hôtel Restaurant LE CHENE VERT24 Boulevard Jules FerryTéléphone :05 55 24 10 07
Photos de la soirée.
Par DIDIER
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