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Les inventions au Moyen-âge

avec Philippe MAZAUD
de l'association "La Tour de DURANIUS"

Notre ami Philippe MAZAUD, grand spécialiste s'il en est du Moyen-âge, a une fois encore présenté au musée LABENCHE
(merci à madame AUGAUDY  de son accueil), à un public restreint mais sympathique et connaisseur, une tranche d'histoire passionnante, comme il sait si bien le faire.

Avec lui, chaque thème de la société médiévale : la peur, la nuit, la chevalerie, les paysans, les cathédrales, le vin, etc.
prend une saveur étonnante et décalée.
A force d'anecdotes, de précisions magistrales et d'humour bien senti, il plonge ses auditeurs au 
cœur du passé,
comme le ferait une machine à remonter le temps.

Cet après-midi, il a décortiqué, listé, énuméré les inventions découvertes au Moyen-âge.
Bon, soyons dès le départ honnêtes : la majorité des inventions médiévales sont davantage dues aux chinois et aux arabes qu'à nos ancêtres occidentaux.

Le zéro d'abord qui bouleversa le monde des mathématiques.
L'invention de l'école également, dont Philippe nous dit que Charlemagne l'aurait instituée car ... vexé qu'un juif venu le voir, sache lire et écrire, alors que lui et ses chevaliers en étaient incapables ! Ecole qui ne dura que peu de temps ; jusqu'en 843 exactement, date du partage de la France entre ses fils (Rappelons que Charlemagne fut sacré empereur en l'an 800).
Le papier ensuite, connu dès les années 100 en Chine (voire 2 ou 3 siècles avant J.C.) Il envahit l'ORIENT (Samarcande) en 712, BAGDAD en 793, Le CAIRE en 900, et l'EUROPE au ...12 ème siècle.
L'astronomie, dont chacun sait qu'arabes et grecs, plus scrupuleux et posés, ne tardèrent pas à se pencher (si j'ose dire) sur les astres (astrolabe, noms des étoiles), alors que les occidentaux, 
empêtrés dans les lois ecclésiastiques strictes, attendirent le 15ème siècle pour "suggérer" que la terre était ronde ! (Galilée en tête).

En médecine, les progrès venus d'IRAN, de BAGDAD (AVICENE 980 / 1037), parvinrent dans nos contrées, à la suite des Croisades.
Les heures, qui durant des siècles n'étaient pas comptées, le furent d'abord en Chine, avec la 
clepsydre. Gerbert d'AURILLAC en 999 inventa une horloge, puis, devenu Le pape Sylver II imagina d'autres machines, au grand dam de ses évêques, effarés de voir, à cette époque, un pape bricoleur !
Les moines, en règle générale, quant à eux, firent beaucoup pour les innovations.

Philippe nous dit que l'invention la plus importante du Moyen-âge, fut sans conteste le Moulin à eau. (Inventé en Chine vers 290 avant J.C.)
Car si l'empire romain ne s'embarrassait guère pour faire porter les charges lourdes à des esclaves ; si les Mérovingiens utilisaient des animaux de trait, ces pratiques étaient impossibles, à l'époque de l'Eglise devenue forte.
Le moulin à eau (développé par les cisterciens au 11ème siècle) devint donc un instrument indispensable et
porteur de progrès sociaux,  autant qu'industriels. (Songeons au canal des moines à Aubazine) :
Le moulin sert à tout (papier, mouture du blé, irrigation)
Notons également, à la suite une fois encore des Croisades, de l'intérêt pour les moulins à vent.
 

La France médiévale est à 95 % paysanne, et le rendement faible des pratiques pousse les seigneurs avides de rendement - et donc de bénéfices - à améliorer les techniques : l'araire, la charrue, la herse, l'emploi des chevaux (plus puissants et plus propres...) à la place des 
bœufs, et donc l'invention des selles, des fers, et surtout des étriers (si utiles également pour tenir la lance lors des combats entre chevaliers).
Toutes ces inventions et les changements profonds induits dans la société, voient l'apparition des grandes foires (Provins par exemple) où tout s'échange et se vend.
L'optique, science arabe venue d'INDE, voit l'apparition des lentilles, puis des lunettes (AVICENE une fois encore). Porte ouverte à l'observation du Ciel et de l'astronomie (Philippe et moi-même... faisons ici un petit coucou à notre ami Alain SOULIER, présent dans la salle, passionné d'astronomie, notre prochain conférencier à LABENCHE le 14 janvier 2017...).
La chirurgie, longtemps tenue à l'écart par l'académie de médecine (qui interdit la dissection, excepté celle des porcs) remplace peu à peu les mires (experts en analyses d'urine... ingurgitée !).
Concernant l'hygiène, inexistante dans la société, (les villes sont insalubres), c'est l'apparition de la brosse à dents (
au 11ème siècle, en Chine, bien sûr). Louis XI et HENRI IV n'avaient plus de dents. La fourchette est inventée au 16ème siècle.
Les latrines, les égouts (notamment sous Philippe AUGUSTE à PARIS) changèrent la face de notre pays à partir du 13ème siècle.
L'imprimerie, bien évidemment, (pratiquée en Chine dès le 8ème siècle) bouleversa la vie outre des gens, celle du livre, lequel se présenta longtemps sous forme de "manuscrit" (Philippe nous dit que chacun de ces ouvrages était unique et coûtait ... autant qu'une maison ; c'est dire que peu nombreux étaient les acquéreurs ; ... notamment chez les paysans illettrés). Chacun connaît les enluminures et écrits réalisés par les moines copistes.
Pas le droit à l'erreur ni à la faute portées sur les feuillets à ... l'encre de Chine.
Bien sûr, les progrès techniques dès le 14ème siècle permirent à la guerre de ... tuer davantage de monde ! Les hauts fourneaux produisirent des boulets, puis des bombardes, et Philippe nous dit que
la guerre de cent ans prit sans doute fin, grâce à l'artillerie française laquelle put enfin rivaliser avec les redoutables archers gallois.
Au fer succède le bronze et son utilisation guerrière avec les canons, et religieuse, avec la fonte de cloches, rapidement installées dans les clochers foisonnants des églises de France.
Pour conclure, Philippe évoque l'alchimie (avec la ... légende -dit-il- de Nicolas FLAMEL, découvreur d'une hypothétique et jamais retrouvée pierre philosophale (capable de transformer tout métal en or... Si vous êtes en sa possession, venez-nous voir !!!). C'est cependant cette quête inaboutie de l'or qui développa peu à peu l'intérêt pour la chimie elle-même.
Les arts, (La perspective en peinture avec Léonard de Vinci) ; la musique et l'invention des notes 
(Do ré, mi etc.) Un nommé Guido d'AREZZO les imagina à partir d'un psaume de l'hymne de Saint-Jean BAPTISTE.

Pour conclure cette passionnante plongée dans le passé, Philippe répondit à quelques questions de l'assemblée. Faisant preuve à la fois d'une connaissance vraiment profonde de la société médiévale, mais aussi de son attachement réel à partager son savoir. Merci à lui !

Ce samedi 3 décembre étant jour de Téléthon, aucune proposition de dîner commun ne fut proposée (Notre b'art des sciences habituel) ; chacun retourna donc vaquer à ses occupations, en ayant bien conscience que ce splendide musée, Musée LABENCHE où je vous invite
à vous rendre rapidement, venait de revivre dans son sein, une petite page d'histoire médiévale que seuls ses murs multicentenaires avaient connus.
Joyeuses fêtes de fin d'année à vous !

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