Le Samedi 29 avril  2017 à 16 heures
Philippe MAZAUD de l'association "la Tour de Duranius" a présenté une conférence sur le thème :  
"Les couleurs au Moyen-âge" au Musée LABENCHE
Merci à madame AUGAUDY (et à son personnel) de nous avoir ouvert les portes du Musée !
Photos et compte-rendu

Par DIDIER et PHILIPPE

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Notre ami Philippe MAZAUD, passionné de tout ce qui touche de près au médiéval, a une fois encore, devant un public sympathique et attentif, évoqué le thèmes des couleurs ; notamment à travers armoiries et blasons.
Philippe explique au préalable, la différence entre ces termes :
- les armoiries sont les emblèmes, les signes hé
raldiques peints sur les armes (d'où "armoiries")
- le blason est l'ensemble des règles qui régissent les couleurs ; une description identifiant son porteur.
L'héraldique (mot provenant de "héraut", officier d'arme) est la science des blasons, l'étude des armoiries.
Ainsi , par exemple, en des termes que seuls quelques initiés connaissent, voici comment sont blasonnées
les armoiries de la ville de BRIVE-LA-GAILLARDE. 


D'azur à trois bouquets de trois épis de blé liés d'or, en forme de fleur de lys


Ces signes distinctifs colorés, sont apparus au 12 ème siècle pour identifier
(sûrement ; rien n'est prouvé...) les combattants souvent casqués lors des guerres fréquentes. Une sorte de carte d'identité que la famille gardait tout au long de son existence. En outre, le développement urbain de cette époque, ne permettait plus de reconnaître facilement les belligérants. 
On comptait en France plus d'un million d'armoiries ; tout le monde pouvait posséder les siennes :
Les nobles, certes, mais aussi la bourgeoisie naissante, les prélats, 
roturiers, paysans, villes, communautés religieuses, etc.
Il n'était donc pas rare, de voir - ceci dû au hasard - les mêmes armoiries... arborées par des clans différents ; d'où conflits supplémentaires, que souvent le Roi réglait de façon simple : priorité à l'antériorité !
Ces signes fleurissaient partout : les meubles, immeubles, objets du quotidien, voire tombes et caveaux mortuaires, outre les armes. Un bon moyen pour asseoir son autorité et sa puissance, même après sa mort.
6 couleurs seulement étaient utilisées pour concevoir ces armoiries, associées à 3 éléments  :


animaux / formes géométriques / éléments v
égétaux.

Ces 6 couleurs étaient :
Le blanc, Le rouge, Le noir, Le vert, Le jaune, Le bleu.

Toutes, bien évidemment, nommées autrement en héraldique :

Le blancLe rougeLe noirLe vertLe jauneLe bleu
argentgueulessable sinopleorazur

Philippe précise d'ailleurs que le mot "sable" équivalant au noir, correspond en fait à une mauvaise traduction de l'allemand "Zobel" désignant un animal : (la martre noire). Zobel devenant ... sable...

6 étant un chiffre imparfait (contrairement au 7 ; 666 étant la représentation de l'animal... le diable), on ajouta vite une 7ème couleur : le pourpre (violet).
Ces couleurs exprimaient chacune un caractère, une attitude, un état.
Ainsi le blanc symbolisait-il la pureté (comme la Vierge),  le rouge la justice, la charité, mais aussi la guerre, le sang, l'orgueil. Le bleu la paix et la fidélité, le jaune : la félonie, la trahison (Judas n'avait-il pas les cheveux jaunes ou roux ?)
etc.
Ces couleurs étaient regroupées en 2 ordres :
 les métaux (argent et or) / les émaux (les autres couleurs)
Et il ne fallait jamais superposer 2 couleurs du même ordre (genre : jamais d'or et d'argent en même temps !).
Les animaux représentés en héraldique sont nombreux, mais essentiellement le lion et le léopard. Deux
mêmes animaux en fait : 
le lion deboutle léopard pattes au sol


"Léopard" est la contraction de Léo (la lionne) et Pard le mâle panthère désigné comme "bâtard" = léopard.

3 lions ensemble sont nommés lionceaux ; 3 léopards des léopardeaux et le mot aigle est féminin en héraldique (une aigle)

Les tournois ont grandement aidé également à la propagation de ces représentations visuelles.

La fleur de lys, symbole de la Vierge,
réservée au roi, a une origine bien particulière.
Le fils aîné de Louis VI le gros, chevauchant dans les rues de Paris, fut soudain désarçonné
de sa monture, à cause d'un gros cochon circulant en liberté. Le cheval se cabra, lui, tomba et mourut sur le coup. Son frère cadet, Louis VII (et époux un temps d'Aliénor d'Aquitaine) devint roi malgré lui. Il plaça alors (c'est tout de même plus honorable) sur les armoiries de sa famille et donc de ses descendants, cette fleur de la Vierge, laquelle symbolise :
Foi - espérance - charité
Philippe note que la Vierge justement, longtemps en blanc et assise, fut peu à peu représentée en bleu et debout. La femme prenant alors une place plus honorable, autant en religion que dans la société médiévale. (Notons les nombreuses Notre-Dame !).

La fabrication de ces couleurs n'était pas chose aisée et les teinturiers (qui du bleu ou qui du rouge... jamais les deux ensemble !) s'avéraient être une corporation (voire deux corporations selon la teinte) extrêmement importantes. Riches et surtout intouchables, Philippe nous les présenta comme de vrais pollueurs et violents, prêts à tout pour s'enrichir.
Car en fait, la couleur (même s'il n'en reste rien de nos jours) était présente partout : sur les objets, les murs, les meubles, les églises, cathédrales etc.
Les siècles des ténèbres d'accord... mais en couleurs !
Ces teinturiers osaient tout, prétendant (se fondant sur un évangile apocryphe) que "Jésus lorsqu'il était enfant, fut apprenti teinturier" !
Ces teintes (souvent éphémères) provenaient de diverses bases :
les végétaux pour le vert ou le jaune, tiré, lui, des genêt, réséda et autre safran (bien plus cher)
de racines pour le noir (noix de galle), le gris brun

Les couleurs furent également les armes d'ordres religieux prestigieux :
- Blanc pour les cisterciens
- Noir pour les bénédictins
- Gris pour les franciscains (lesquels préféraient celle couleur "sale" à l'opposé du noir, fort cher car dur à produire et conserver)

Que dire également du rouge de la robe des demoiselles le jour de leur mariage (le rouge étant lui- aussi, signe de richesse) ou du blanc des fantômes, lesquels terrifiaient tout le monde, tout le monde étant fort croyant !
Philippe raconte pour terminer que Saint-Louis imposa aux Juifs de placarder sur leurs vêtements une rouelle jaune (petit bout d'étoffe ronde) car non-chrétiens.
Décidément, l'histoire n'a rien inventé...

Cette conférence dont j'ai tenté de résumer l'essentiel fut passionnante, et je ne saurais trop vous conseiller, lors de ses prochaines interventions, de venir écouter Messire Philippe, grand pourfendeurs des clichés et idées fausses concernant le moyen-âge mais aussi orateur hors-pair.
Oyé, bonnes gens !
Rejoignez-nous sans plus tarder et merci aux personnes présentes à cette conférence en ce samedi jour de grâce 28 de l'an 2017
Que notre Seigneur vous garde !
(N'importe quoi !)


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