Le Samedi 18 novembre 2017 à 16 heures
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Benoît PEYRE a proposé une conférence sur le thème :
"Le monde insolite des champignons"
au Musée LABENCHE
Merci à madame AUGAUDY (et à son personnel) de nous avoir ouvert les portes du Musée !

Photos et compte-rendu
Par DIDIER


Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Benoît PEYRE  est un mycophile corrézien remarquable. Je dirai LE mycophile. (Il ne veut pas qu'on le présente comme un mycologue, car ... il n'est pas scientifique ; ça, c'est lui qui le dit !)

Le champignon, c'est son univers. Truculent, haut en couleur, bien charpenté, ... comme un champignon. barbu aussi ( on en a déjà vu), Benoît a offert au nombreux public venu l'écouter un grand moment de savoir, de découvertes, mais également de poésie et d'humour.
Cette passion du champignon l'a poussé (si j'ose dire) à cesser ses activités professionnelles
(il était autrefois assureur dans la région)
et conduit à prendre ... son bâton de pélerin pour partager, mais aussi... sa plume et écrire.

 11 ouvrages tous originaux et illustrés en l'honneur du
champignon, présentés la semaine dernière par ses soins, à la Foire du Livre, ce fantastique événement  automnal qui propulse Brive à la seconde place des salons littéraires après Paris.

Benoît commence la conférence par demander... à chaque participant... son prénom. Prénoms qu'il ne cessera, au cours de la soirée, d'égréner sans se tromper, lorsqu'il interrogera l'assistance. Car Benoît n'est pas du genre à se promener seul. Le champignon, il le partage, le fait vivre, le dévoile, l'exprime. C'est bien simple : on en mangerait (je parle du champignon !).
Le public ne s'y est pas trompé, qui tout au long de la soirée a bu ses paroles, ri à ses bons mots, fait ho ou ha (selon le cas), en apprenant par exemple que le champignon n'est ni un animal, ni un végétal, ni un minéral !
Ben c'est quoi alors ???
Un champignon !
Oui, ce mot désigne bien un Groupe peuplé de... 6 millions d'espèces, tout comme les végétaux qui en comptent 380 000 à peine, ou les insectes estimés à 10 millions.
En fait le champignon ou
"sporophore"est la partie visible, la "fructification" d'une structure invisible ou souterraine, sorte de filament très fin, long "cheveu", nommé "mycélium". Forme toile d'araignée vivante !

Cette famille immense regroupe de nombreuses espèces comme :

- Les parasites : qui détruisent le vivant en pompant leur substance.
Benoît nous dit que le plus grand de ces champignons parasites se trouve dans l'Orégon et s'étale sur 740 hectares. Estimé à 600 ou 800 tonnes !
Belle bête !

 - Ceux qui vivent en symbiose. Ho, ha ! Quelle surprise d'apprendre que les arbres, nos arbres, chênes, châtaigniers, pins et tous les autres ne peuvent vivre qu'accompagnés de leur mycélium favori. Sorte d'échange perpétuel lié à l'hydrographie. La quantité d'eau nécessaire au feuillage pompée par les racines, permettant régulièrement aux champignons de pousser jour ou nuit (le champignon n'a pas d'heure pour croître). Il faut d'ailleurs une bonne pluie pour saturer les racines et permettre aux champignons de naître... 10 jours au moins après la saucée !
Pas la peine les amis, de prendre ses bottes, son Kway et son bâton... le lendemain. Vieille idée reçue dans nos contrées.

- Les saprophytes : espèces se nourrissant d'arbres morts. C'est pas possible : si ! Ils détruisent plus de souches que les insectes !

Un champignon pas bon ?
Benoît se fâche un peu !
Ne confondons pas bon et ... comestible.
Là est la question ; car si tous les goûts sont dans la nature et se discutent. On aime ou on n'aime pas tel aliment, il est recommandé de ne pas s'attaquer aux champignons mortels ou du moins toxiques.
Très peu nombreux en vérité comparé aux 22 000 espèces présentes en France.
On compte en moyenne 3 morts par an ayant confondu par exemple amanite des césars (ou oronge) avec amanite phalloïde, la reine des tueuses !

amanite des césars (ou oronge) amanite phalloïde
C'est peu. Il faut dire que la mémoire populaire soulève dans nos campagnes de vraies méfiances, souvent excessives, tant il est agréable ou intéressant de déguster des russules ou autres clytocibes et tricholomes !
Benoît évoque ensuite le roi de nos forêts : le cèpe, dont il nous dit que, question consommation dans le monde, il est largement dépassé par ... la girolle. Celle-ci, dont on compte 21 espèces a davantage les faveurs des gourmets ; le cèpe est - dit-il - un champignon apprécié principalement des latins.
le cèpela girolle

Le plus connu de tous est le cèpe "de Bordeaux"... Nom n'ayant rien à voir avec cette ville elle-même.
Benoît nous explique qu'autrefois, 2 marchés en France se disputaient le commerce des champignons : Fontainebleau et... Bordeaux !

Tout comme il est illusoire de rechercher des champignons à Paris ! 

le champignon de Paris

Cette appellation provient de ce qu'au 19ème siècle, le baron Haussmann, lors de ses travaux métamorphosant Paris, fit creuser des galeries dans les banlieues environnantes pour extraire les pierres nécessaires à ses édifices. Des chevaux furent alors utilisés pour véhiculer ces blocs... L'
Agaricus bisporus (le champignon de Paris) appréciant à la fois l'obscurité, l'humidité et ... le crottin de cheval... la légende était née !

Idem pour les "trompette de la mort" (un petit coucou ici à Marinette, qui connaît des bons coins près d'Allassac avec qui nous faisons cueillette. Où ça ?? Non mais dites donc, les champignons c'est comme les poissons : les bons coins cela reste secret !!).
Houps Benoît nous rappelle que cueillir des champignons "n'importe où et sans autorisation " est un délit car ce qui se trouve chez un particulier est privé et passible d'une amende si on le vole... (rehoups ! c'est pas nous monsieur le juge ! c'est Marinette qui nous a obligés à y aller !)


trompettes des morts

Fausse nomination en vérité, puisque ce champignon si caractéristique apparaît généralement à la Toussaint et donc lors de la commémoration "des morts".

L'amanite tue-mouche ?
La préférée de la Schrtroumpfette.
Facile. 

L'amanite tue-mouche
Les anciens s'étant aperçu que ce champignon était toxique, ils le mélangèrent à du lait, façon "insecticide", laissant se noyer dans cette mixture les bestioles se risquant à la boire.... dont les mouches. Ce  champignon rouge à points blancs agissant (comme d'autres espèces) comme un puissant psychotrope.

Des rouges, des verts, des translucides, des beaux, des pas beaux, des bons... pardon des comestibles... d'autres non.
Et voilà un diaporama (conçu par ses soins !) de centaines de champignons, agrémentés d'un poème corrézien drôle et magnifique, d'une chanson interprétée à capella, parodie de Brassens pertinente et à mourir de rire.
Benoît PEYRE est un artiste. Il vit son art et connaît son sujet sur le bout des ongles.
Chapeau, c'était le pied si j'ose ce parallèle mycologue !
Pour conclure, Benoît nous rappelle cependant que manger trop souvent des champignons n'est pas recommandé.
Qu'il est préférable de les cuire (il existe tant de recettes excellentes) et que parfois, certains "comestibles" se retrouvent classés au rang de toxiques, en  raison justement de problèmes de santé survenus après surconsommation (présence de métaux lourds, radioactivité même minime etc.).
Plutôt qu'un aliment, il préfère parler de condiment.
N'hésitez pas à vous rendre aux conférences qu'il mène de ci de là pour faire connaître le monde passionnant des champignons.
N'hésitez pas non plus à vous procurer ses ouvrages (par mon intermédiaire si vous le souhaitez)
Et si vous allez à la cueillette aux champignons, ne ramassez pas les toxiques... ne coupez pas les pieds des comestibles avec un couteau. Cela détériore le mycélium et met en péril les récoltes futures.
Merci Benoît pour cet après-midi apprécié de tous, cette conférence vivante et illustrée.
Chapeau bas (c'est le titre de son diaporama...)


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